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SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE LONDRES.

preuve frappante et toute fraîche encore dans l’île qui vient de surgir entre la côte de Sicile et Pentelaria ; ni les matières lancées en l’air, ni les parties plus solides soulevées à une hauteur de cent soixante ou cent soixante-dix pieds, n’ont présenté aucune trace de lave. La vapeur qui s’en échappait n’offrait pas le plus léger symptôme de souffre, elle était seulement chargée de gaz hydrogène carburé. M. Osborne, chirurgien du vaisseau le Gange, qui mit le pied sur l’île, trouva que le sol était un composé de cendres, de débris pulvérisés de charbon dégagé de son bitume de fer, de scories, et d’une espèce d’argile ferrugineuse ; du reste, aucun vestige de lave, pas de pouzzolane, pas de pierre ponce, pas de coquillages ou de débris marins, comme on en trouve auprès de l’Etna et du Vésuve.

Puisque nous avons dit un mot de cette île nouvelle, nous ajouterons à ce sujet un fait assez remarquable : c’est que le 28 juin, à peu près quinze jours avant son apparition, l’amiral sir Pulteney Malcolm, étant à bord du Britannia, passa presque exactement au-dessus de la position qu’elle occupe, et éprouva plusieurs chocs violens, comme si le vaisseau touchait sur un banc de sable ; et, d’après une tradition populaire de Malte, un volcan y fit son éruption à peu près au commencement du siècle dernier. Sur une carte de la Méditerranée, publiée par Faden il y a quelque temps, on trouve à un mille de là un bas-fond, marqué seulement quatre brasses, et appelé Larmour’s breakers, ou brisans de Larmour. C’est une partie de ce bas-fond qui a été soulevée ; mais les derniers détails qui nous sont parvenus n’indiquent aucune éjection de matières en fusion. C’est peut-être seulement une des ventouses ou soupapes de sûreté de la grande fournaise souterraine qui lance ses torrens de lave par les cheminées de l’Etna et du Vésuve : nous ignorons si ces deux volcans étaient alors en activité.

De toutes les révolutions produites par les volcans à la surface de la terre, la plus remarquable, et jusqu’à ces derniers temps la moins étudiée, est assurément celle qui amène