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REVUE. — CHRONIQUE.

talent l’ont assisté de leurs connaissances individuelles dans les diverses branches de la littérature ancienne et moderne. Par ce moyen il a pu porter son Atlas à ce degré d’exactitude qui est le premier mérite d’un pareil ouvrage.

Un autre mérite non moins important, quoique un peu mécanique, c’est la disposition synoptique des faits, et, pour celui-là, M. de Mancy le possède à fond. L’écueil des atlas de cette nature, c’est de ne rien présenter de clair à la vue. Le plus souvent ce n’est qu’un dédale confus, un labyrinthe inextricable, et dès-lors l’ouvrage, péchant par les bases, n’a plus de valeur. Ici tout est clair, tout est méthodique. L’auteur possède un instinct d’arrangement et d’ordre qui préside à tout l’ouvrage.

Chacune de ses cartes littéraires prise isolément présente un tableau complet de quelque phase de l’esprit humain, et l’ensemble forme une espèce de mappemonde intellectuelle dont on fait le tour sans fatigue.

L’auteur ne s’est pas borné à faire une immense histoire littéraire, il a passé en revue les sciences et les beaux arts, et rien de ce qui a rapport aux productions de l’esprit et de l’intelligence, n’est étranger à cette encyclopédie où les plus illustres savans sont venus déposer le tribut de leurs conseils et de leur bienveillance, qu’il est honorable d’avoir su mériter. Il ne faudrait pas qu’un homme seul, fut-il un Cuvier, un Humboldt, eût la prétention de tout faire par lui-même ; l’homme habile qui se livre à des recherches si approfondies et si variées, n’a pas une autre marche à suivre que celle que M. de Mancy a adoptée. C’est une assez grande preuve de mérite et de sagacité que d’avoir su découvrir tant de faits importans, et, pour ainsi dire, se les approprier, en allant les puiser à mille sources inconnues, et surtout d’être parvenu à les classer dans un ordre si lucide et si frappant. M. de Mancy a fait faire un grand pas à l’histoire littéraire, si négligée parmi nous, quoique son utilité soit bien reconnue. (Celui-là sait plus d’à moitié une science qui en connaît l’histoire, disait d’Argençon), et en butinant dans tous les champs, comme l’abeille, il a matérialisé, pour ainsi dire, la science, et rendu un vrai service à l’esprit de ceux qui étudient et à la mémoire de ceux qui savent.

Il serait difficile de donner par un récit quelconque une idée des avantages de ces tables synoptiques dont un des mérites est de frapper les yeux par tous les artifices de la typographie et par le con-