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VOYAGES.

dans leurs projets. Il faut ajouter aussi que pour me rendre odieux aux habitans, et justifier sa propre trahison, Tahofa avait adroitement semé le bruit que j’avais tué un naturel, bien que je n’eusse jamais fait la moindre démonstration d’un acte semblable. Comme le plus redoutable après moi, c’était M. Jacquinot qui devait ensuite sauter le pas, et enfin M. Dudemaine, qui s’était fait remarquer à leurs yeux pour exécuter plus ponctuellement les ordres relatifs à l’accès du bord.

Quant au reste des officiers et de l’équipage, les naturels paraissaient disposés à leur laisser la vie. Sans doute ils pensaient qu’ils pourraient le faire sans danger, et que les Français partageraient avec plaisir le sort de Singleton, Read et Ritchett. Tel était le destin que ces barbares réservaient à la mission de l’Astrolabe, si leurs combinaisons n’avaient pas échoué.

Dans la matinée du 12 mai, l’Astrolabe sortit sans accident par la passe du nord de Tonga-Tabou, et se dirigea vers les îles à peine connues de l’Archipel Viti, où elle était appelée à courir de nouveaux dangers.


J. d’Urville.