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DE LA RÉVOLUTION ET DE LA PHILOSOPHIE.


flagrante et contemporaine pour y chercher l’image de ses abstractions et l’argument de son propre système ; et le Dieu qu’il se fit fut une sorte de terroriste de vertu, qui, de son banc solitaire, traduisait pêle-mêle à sa barre les siècles, les idées, la nature, la matière et la vie, les décimant, les reniant à tout hasard, et ne trouvant à se repaître que de leurs communes ruines.

Après ce temps vient l’âge de poésie et de recomposition que nous appelons l’empire. Comme il avait pour mission de faire sortir de son cercle égoïste le génie de la révolution française, de le semer sur tous les grands chemins, et de le généraliser dans le monde de l’histoire, il se trouva qu’en même temps que lui, et par un effort analogue, la philosophie, sortant de l’enceinte passionnée où Fichte la tenait à l’étroit, s’éleva à un degré semblable d’universalité. Il faut ajouter qu’elle eut le même éclat, et éblouit d’autant de merveilles que l’histoire. Si cette époque s’appuyait d’un côté sur les sables d’Égypte, et de l’autre sur les bords du Danube, la philosophie de Schelling se mit aussi à étreindre à la fois les rêves d’Alexandrie et le panthéisme des Scandinaves. À aucune théorie on n’avait vu encore une marche si aventureuse ni si facilement conquérante. Le respect pour la force physique, que les peuples l’un après l’autre venaient de transformer en adoration, s’y réfléchit dans un culte abstrait de la nature. Pendant que l’on retrouvait dans l’homme de ces jours la figure et le génie d’un conquérant oriental, la philosophie avait pris subitement de son côté tous les traits

    ans par les gouvernemens d’Allemagne. Voyez dans la Revue Germanique, plusieurs articles, extraits de la correspondance de ce philosophe, que son fils vient de publier.