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VOYAGES.

hauts palmiers ; en entrant dans la rade, nous aperçûmes derrière les mâts des bâtimens les maisons roses de la ville, avec leurs toits en terrasse. Nous passâmes habilement au milieu des navires mouillés, et nous jetâmes l’ancre à peu de distance du rivage, entre deux gros bâtimens espagnols, l’un le Ferdinand vii, et l’autre la Santa-Maria-del-Carmen. En face de nous s’élevait un fort où flottait le pavillon jaune aux armes d’Espagne, et derrière, s’étendait une partie de la ville, à côté de laquelle s’élevaient des palmiers, des cocotiers, des bananiers, d’immenses ceivas, tous brillans sous le soleil éclatant des tropiques.

Peu après notre arrivée, un joli canot tenté et à dix avirons vint à bord. Il contenait l’adjudant de place, un médecin, un officier des douanes et un interprète. L’adjudant, qui avait une vraie face d’inquisiteur, me permit de descendre à terre, et eut même l’obligeance de me recommander la Fonda del Biscaïno, comme la meilleure auberge. Quant à l’inspection du bâtiment, il n’y prit aucune part. Notre cuisinier avait apporté, pour les vendre, une cage remplie de souris blanches qui captivèrent l’attention de M. l’adjudant tout le temps qu’il resta à bord.

Les environs de Matanzas sont très-pittoresques. On me proposa d’aller faire une course à la campagne ; et, le dimanche matin 7 février, sous un ciel bleu d’azur, je montai en volante avec M. P., et nous sortîmes de la ville, nous dirigeant à l’est. Nous nous trouvâmes presque aussitôt au milieu du plus beau pays du monde : c’étaient des montagnes boisées, des collines, des vallées, des plaines de café, des mangos, d’énormes palmiers, des haies de citronniers, des bambous formant des voûtes et des arceaux sombres et