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VARIÉTÉS.

corps élu par la nation, et non pas à nous qui ne la représentons point. Pourquoi diffère-t-on toujours à convoquer l’assemblée si long-temps promise ? »

Plus tard, Petrombei se plaignit amèrement aux ministres des trois puissances réunis à Poros, du profond mépris du comte Capo-d’Istria pour nos institutions et pour les droits que la nation avait acquis par tant de sacrifices. M. de Ribaupierre se chargea de lui répondre ; et dans une lettre qu’il lui adressa, il s’efforçait de le convaincre de la droiture des intentions du président et de son respect pour la constitution.

Aux observations courageuses qu’il fit peu de temps après, conjointement avec plusieurs personnes distinguées, le président opposa les détours du langage diplomatique, en parlant de la nécessité de mettre le gouvernement en harmonie avec les principes qui régissaient la plupart des puissances européennes. Enfin, Mavromichalis, dans un entretien qu’il eut avec le maréchal Maison, le priait d’user de son influence pour détourner le président de la voûte périlleuse dans laquelle il s’était engagé. Le comte Capo-d’Istria, grâce à ses nombreux espions, sut cette conversation avant que le maréchal lui en parlât[1] ; mais j’invoque le témoignage de l’illustre maréchal, y avait-il quelque chose d’inconstitutionnel dans le langage de Mavromichalis ? Ses réclamations étaient-elles de nature à rompre l’unité de l’État, comme ses calomniateurs veulent le persuader au public ?

Mais voyons maintenant quelles armes le président avait employées pour le combattre. Une ancienne rivalité séparait les Mavromichalis et les Mourtzinos. Ces derniers, par leur

  1. M. le marquis de Valmy, alors chargé d’affaires de France auprès du gouvernement grec, s’était empressé d’informer le maréchal de l’infidélité d’un fonctionnaire révélateur de ce qui s’était dit dans cet entretien. L’indiscret subalterne fut renvoyé en France, après avoir gardé les arrêts forcés pendant deux mois.