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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

de renoncer à la couronne, résolution à laquelle toutes ses pensées l’avaient déjà sans doute conduit depuis long-temps. Lui-même rédigea un acte d’abdication en faveur de son fils ; il fit venir les chargés d’affaires d’Angleterre et de France, afin de leur communiquer cet acte, et il réclama leurs secours pour se rendre en Europe. L’abdication fut bientôt acceptée par les chefs de la révolution, et don Pedro s’embarqua, ainsi que l’impératrice, la jeune reine de Portugal, et un petit nombre de serviteurs.

Aussitôt après que l’empereur eut renoncé à la couronne, on procéda à la nomination d’une régence : elle fut composée d’hommes peu capables, mais assez modérés. Peut-être en est-il un que le sentiment des convenances aurait dû écarter ; c’était Francisco de Lima.

Pendant que l’on faisait des préparatifs sur les navires destinés à porter en Europe don Pedro et les siens, le jeune prince fut proclamé empereur sous le nom de Pedro ii. Quelques désordres, inséparables des révolutions, eurent encore lieu, mais tout parut bientôt vouloir reprendre son cours ordinaire.

L’ex-empereur écrivit à Jozé Bonifacio de Andrada, pour le charger de l’éducation de son fils. Ce vieillard, qui avait commencé la révolution du Brésil, et dont la haute capacité est incontestable, accepta les fonctions qui lui étaient offertes, et jura d’en remplir religieusement les devoirs. On ne pouvait faire un choix plus honorable.

Don Pedro quitta le Brésil le 13 avril 1831 ; il y a fait des ingrats, et peut-être y sera-t-il regretté. Son plus grand tort fut d’être né en Europe, et de conserver pour ses compatriotes un penchant bien naturel sans doute, mais qu’il devait sacrifier à ses sujets américains. Il fut mal entouré : l’expérience et l’instruction lui manquèrent toujours, quelquefois, même l’énergie ; mais la bonne volonté ne lui manqua jamais. S’il eût voulu défendre son autorité les armes à la main, il eût trouvé des hommes qui n’eussent pas mieux demandé que de le soutenir ; mais le sang aurait coulé, et don Pedro