Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/356

Cette page a été validée par deux contributeurs.
344
HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

avait fait la faute de s’arrêter, pendant plusieurs jours, dans une de ses propriétés, située à quelques lieues de la capitale de la province. Là, il s’était encore laissé circonvenir par des hommes auxquels il avait toujours accordé trop de confiance, et qui lui avaient aliéné le cœur de ses sujets. Ces hommes s’emparèrent de tous les abords, écartèrent les personnages les plus influens, excitèrent la susceptibilité de leur maître, et firent éloigner le président de la province. Une proclamation que don Pedro répandit bientôt parmi les Mineiros, en faveur du gouvernement constitutionnel, produisit cependant une heureuse impression, et l’on allait offrir de nouvelles fêtes au jeune monarque, lorsque brusquement il se décida à partir. Ce voyage, qui, mieux combiné, aurait pu être si utile à ses intérêts, ne servit qu’à leur porter un coup mortel.

En effet, pendant plus de trois mois, l’empereur avait négligé le gouvernement de Rio de Janeiro. Durant cet intervalle, ses ministres n’avaient pas même su organiser une correspondance suivie avec Minas Geraes ; et quoique leur maître ne se fût pas avancé à une distance énorme de la côte, il était, dit-on, resté quelquefois plus de douze jours sans recevoir de dépêches.

Une marche rapide ramena don Pedro aux portes de la capitale, quand on le croyait encore à huit journées de distance. Lors de son entrée dans la ville, on fit éclater quelque enthousiasme ; mais ces démonstrations n’avaient rien de national : les seuls qui y prirent part furent les serviteurs du monarque lui-même, des courtisans, et des Portugais depuis long-temps en guerre plus ou moins ouverte avec les Brésiliens. Blessés par les témoignages d’une joie à laquelle ils étaient entièrement étrangers, ceux-ci brisèrent les vitres des maisons que l’on avait illuminées ; des rixes s’engagèrent, et plusieurs personnes furent blessées, ou même perdirent la vie.

Don Pedro crut pouvoir rétablir le calme en caressant le parti républicain, et il choisit un ministère parmi les repré-