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RÉVOLUTIONS DU BRÉSIL.

d’Américains et de Portugais, de blancs et de gens de couleur, d’hommes libres, d’affranchis et d’esclaves ; ville qui, tout à la fois, colonie, port de mer, capitale, résidence d’une cour corrompue, s’est toujours trouvée sous les plus fâcheuses influences.

Don Pedro, animé par des sentimens généreux, voulait sincèrement que son peuple fût libre ; ce fut la noble idée qui présida à la rédaction de sa charte constitutionnelle. Cette charte consacrait des principes justes, et quelques-uns de ses articles méritent de grands éloges ; d’ailleurs, elle ne différait point essentiellement de tant d’autres combinaisons du même genre : elle n’avait rien de brésilien, et elle aurait peut-être convenu tout aussi bien au Mexique qu’au Brésil, à la France qu’à l’Allemagne.

Dès les premiers momens de la révolution, une foule d’hommes ignorans, nourris dans toutes les habitudes de la servilité, se trouvèrent appelés brusquement à la participation des affaires. Les passions nées tout à la fois du système colonial et du despotisme énervé de Jean vi, se déchaînèrent sur le Brésil, et semblèrent vouloir s’en arracher les lambeaux.

La presse, cette garantie des libertés publiques, ne fut guère que l’organe de la haine et de l’envie. Les pamphlets qui s’imprimaient à Rio de Janeiro, dégoûtans de platitude et de personnalités, révolteraient les Européens qui, dans ce genre, ont poussé le plus loin la licence. À peine, depuis 1821, a-t-il paru au Brésil deux ou trois ouvrages véritablement utiles ; et si aujourd’hui cette contrée commence enfin à être mieux connue, c’est à des étrangers qu’on en est redevable[1].

Parmi ceux qui l’entouraient, don Pedro cherchait vainement des ministres qui fissent prospérer l’empire brésilien. Il passait d’un homme faible à un homme corrompu, et ne

  1. Il existe cependant un livre moderne fort remarquable sur la géographie du Brésil, les Memorias historicas de l’abbé Pizarro.