incrédules, ce serait une preuve qu’ils ne sont pas ce qu’ils croient être. Pour la morale, le nez étant un obstacle, un rempart, contre les baisers des jeunes gens, c’est une sauve-garde pour la vertu des jeunes filles. Par le tabac, le nez est une source de liaisons, étant un commencement d’hospitalité. C’est aussi une source de bénédictions : éternuez… « Dieu vous bénisse. » Il y a un pays, en Asie, où, quand le roi éternue, cette action de grâce se prolonge de bouche en bouche jusqu’aux frontières de son état. Et pour l’ivrogne, donc ! le nez, quel reproche ! Couvert de rubis, ne semble-t-il pas lui dire : « Regarde, ivrogne, j’en rougis de honte pour toi ! ».
Tout cela est gai et spirituellement raconté.
Enfin, nous arrivons à Hans-Dampf, et je remercie les traducteurs de Henri Zschokke, car je retrouve bien dans ce conte l’originalité allemande. C’est de la politique de juste-milieu mise en gaîté ; c’est, si j’ose parler ainsi, de la plaisanterie sérieuse, et de la plaisanterie de bon aloi. Combien de nos sauveurs politiques d’hier, et de nos Cagnards d’aujourd’hui, retrouveront leurs portraits dans Hans-Dampf ! J’en recommande donc la lecture à ces grands faiseurs de grands riens, et, en particulier, à nos arrangeurs d’émeutes.
Cet ouvrage est un recueil des principaux articles de l’Avenir, publiés depuis un an. Chaque article est signé par son auteur.