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VOYAGES.

fatigues, sur les cinq heures du soir, nous nous trouvâmes mouillés à peu de distance du brisant et à bonne portée de caronade de Mafanga.

Comme de coutume, à six heures du soir, le coup de canon de retraite fut tiré, et les naturels y répondirent par un coup de carabine dont la balle vint siffler au travers du gréement. Pour la nuit, l’appel fut fait aux postes de combat, les fanaux furent tenus allumés, et tout fut prêt pour le cas d’attaque. Le grand canot et la chaloupe furent amarrés le long du bord avec des chaînes en fer. La brise du sud-sud-est fut généralement faible ; mais par intervalles il passait des raffales plus fraîches, et qui nous obligèrent à filer quelques brasses de la chaîne.

(16 mai.) Dans la position où nous nous trouvions, nous étions à portée de voix avec les hommes placés au bord du rivage. Dès six heures du matin, le matelot Martineng reparut sur la plage, et nous héla d’envoyer un canot à terre avec un officier. Je lui fis répondre que, si les naturels avaient réellement envie de rendre les prisonniers, ils pouvaient les renvoyer dans une pirogue, ou même se contenter de les laisser revenir à la nage à bord ; qu’aussitôt la paix serait faite. Martineng renouvela la demande d’envoyer un officier à terre sans armes ; je lui déclarai que je voulais parler à Singleton, et que cet Anglais eût à se montrer avec lui ; mais il me fut répondu que Singleton était aussi retenu par les insulaires, et qu’il ne pouvait point paraître.

J’étais convaincu que les naturels n’avaient d’autre but que de nous tendre un piége pour tuer quelques-uns de nos hommes. Aussi je me gardai bien d’y donner. L’ancre à une pate fut sur-le-champ éloignée dans le sud-sud-est, et mouillée par douze brasses, de sorte qu’en virant dessus, nous nous rapprochâmes encore de Mafanga de près d’une demi-encâblure. À dix heures, au moyen d’une embossure, nous présentions le travers de tribord à Mafanga, dont nous n’étions pas éloignés alors de plus de cent cinquante toises. Six de nos prisonniers se montrèrent sur la plage, et nous