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LE
Mont Saint-Bernard[1].
(1826.)

Une foule de voyageurs ont fait le tour de l’Europe sans rassembler autant de sensations diverses que deux jours de ma vie m’en ont procuré. La puissance des impressions résulte surtout de la variété des objets, de la succession d’effets opposés que leur rapprochement rend extraordinaires. On peut parcourir une partie de la circonférence de la terre dans des circonstances données, et avec une habile combinaison de précautions, sans s’imaginer qu’on change de climat. Il est mille fois plus piquant de se précipiter de minute en minute dans tous les accidens d’une autre nature, d’un autre univers. C’est ce qui arrive au voyageur des montagnes.

Nous partîmes de Martigny le 19 août, à cinq heures du matin. À peine a-t-on quitté la grande vallée du Rhône, qu’on s’élève par une route très-large et très-bien faite, que dominent des rochers frappés de larges feuillets de Mica, comme d’une décoration spéculaire préparée pour les fêtes

  1. Voyez la dernière livraison.