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VOYAGES.

Sibirie, à l’ouest la grande horde des Kirguis ou Tâtars septentrionaux, et la grande Boukharie ou Tâtarie méridionale, que les Européens nomment Tâtarie indépendante ; au sud les états de Ranjet-Singh et l’Hindoustan, l’empire Birman, le royaume de Layn-sayn-chan (que nous appelons Laos), et l’empire d’An-Nam, la mer de Chine, la mer orientale, la mer Jaune (Hoan-haï), et la mer du Japon.

Tout l’empire chinois-uni a quatorze cents lieues françaises de longueur, en comptant depuis Kâchgar à l’ouest jusqu’au cap Lesseps à l’est, et sept cent soixante lieues en largeur, depuis la pointe la plus septentrionale des monts Daba au nord, jusqu’à Loui-Tcheou, ville maritime de la province de Kouang-toung au sud. Ses côtes maritimes ont une étendue de plus de mille lieues.

La surface géométrique de tout l’empire peut être estimée par approximation à six cent soixante-quatorze mille lieues carrées, à peu près le dixième de la terre habitable. Il est par conséquent plus grand que l’ancien empire romain sous Trajan, plus grand que l’empire d’Alexandre, plus grand que l’Europe entière. Il n’a été surpassé en étendue que par les empires fondés par le Mongol Djenghis-Kan et le Tâtar Timour-Lenk, et aujourd’hui par le gigantesque empire russe qui lui est bien inférieur en richesses, en industrie et en population, mais qui semble déjà le menacer, ainsi que le reste du monde.

Quant à la Chine propre, que les Chinois appellent Tchon-Kou (centre de la terre), elle s’étend du 21° au 41° lat. N. et du 95° au 120° long. E.

Elle n’est circonscrite que par des limites irrégulières. Au nord, elle est séparée des Mongols par la célèbre grande muraille de quatre cent cinquante-six lieues de longueur ; à l’ouest, elle a le Thou’et et quelques frontières politiques qui retiennent difficilement les Eleuths de Kôkenoor[1], les

  1. On les nomme ainsi parce qu’ils habitent près du lac Kôkenoor (lac bleu).