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VOYAGES.

siècle par un certain nombre de savans, sous le patronage de l’empereur Young-Lo, en 30 vol. in-8o ; le You king (les 5 livres, ouvrage classique et sacré) ; le Ghang-Djian-Youl, description du pays de neige ou Thou-Bet (le Thibet), manuscrit suivi d’une description abrégée de la Chine, et de l’explication, en langue mandchoue, des six syllabes mystiques om, ma-ni, pad, mé, houm, en usage chez les Thoubetains, et chez tous les peuples de race mongolique[1], etc. Plusieurs lettrés ont bien voulu m’applanir les difficultés qui s’opposaient à l’intelligence de ces ouvrages.

Malgré tous les soins que j’ai pris pour rester dans le cercle de la vérité et de l’exactitude, je ne me flatte pas d’y avoir entièrement réussi, car il est difficile de compléter et de rectifier les résultats statistiques chinois, d’autant plus que certaines classes ne sont pas comprises dans les recensemens. Mes calculs sont fort éloignés du Tai t’hsin hoei-tian, ouvrage orné d’une préface par l’empereur Kienlong, en 1793. Plusieurs lettrés m’ont assuré qu’il était fort inexact et fort exagéré. Et pourquoi pas ? L’orgueil national des Russes n’a-t-il pas placé sur leurs cartes de prétendues villes dont il n’existe que le poteau qui en porte le nom ? L’ouvrage le plus digne d’estime est le Tai t’hsin y toung. Je l’ai comparé avec mes autres documens, et mes calculs se rapprochent assez des siens, sauf l’article des colonies chinoises, qui n’a pas encore été traité, même en Chine.

  1. Les Chinois me paraissent appartenir à la race mongolique, ou jaune, mêlée, et à une variété des races hindoue et malaye, qui ne sont peut-être elles-mêmes qu’un mélange de la race éthiopienne avec la race blanche, ou scythique. J’ai vu ces deux races bien distinctes et séparées dans plusieurs îles de l’Océanie, où s’est opéré ce mélange. Dans mon opinion, les Chinois n’ont pas conservé de leurs ancêtres les Mongols ce caractère belliqueux qui les distinguait ; mais ils ont acquis l’industrie et le commerce, que les Mongols n’avaient pas, et ont trop scrupuleusement gardé leur amour de l’étiquette, des puériles civilités, des ornemens minutieux et des formes bizarres. Je crois que les Chinois ressemblent aussi beaucoup aux anciens Égyptiens par leur caractère et leurs institutions.