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Revue. — Chronique.

RÉVOLUTIONS DE LA QUINZAINE.

Nous avons eu beaucoup de petites révolutions après les grandes. L’hérédité de la pairie a été définitivement abolie ; les catégories des pairs à venir ont été provisoirement adoptées. Ces catégories sont curieuses. Elles parquent les hommes en troupeaux ; tous ceux qui ne sont pas dans telle ou telle barrière, ne sont bons qu’à être tondus. Cette démarcation va souvent jusqu’à la violence et au ridicule. C’est ainsi qu’elle force le savant et le poète à être de l’institut, s’ils veulent entrer à la Chambre des pairs ; ce sont les limbes par lesquelles il faut passer à toute force ; rien ne dispenserait le grand Corneille de s’asseoir à côté de M. Viennet ; aujourd’hui Molière, rejeté par les quarante, trouverait un mur d’airain au Luxembourg. Il en est ainsi pour les fortunes : trois francs de moins dans l’impôt, et, pour vous, nul espoir du manteau chargé d’abeilles et du théâtral chapeau à plumes. Aussi c’est pitié de voir tous les échappés aux catégories se promener tranquillement dans les rues sans avoir l’air de se douter combien, depuis huit jours, ils sont devenus des parias ! Insoucians citoyens qui tombent dans l’étroit filet des catégories, et qui, la veille encore, se pavanaient sur la vaste plate-forme du suffrage universel.

Cependant le jardin des Tuileries subit, lui aussi, sa transformation. Vous connaissez tous le beau jardin, c’est le chef-d’œuvre du