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L’ESPAGNE TELLE QU’ELLE EST.

qu’en Russie. Rien de plus ordinaire que de rencontrer des mendians dont une jambe, et quelquefois les deux, sont rongées par la lèpre. Les cas d’épilepsie ne sont pas rares, non plus que les convulsions hystériques, qui se multiplient dans les provinces du sud, où les chaleurs sont excessives.

« Les maladies de l’esprit (ou la folie) doivent y être en plus grande proportion qu’ailleurs, à cause de l’action du soleil sur la tête, et du défaut d’occupations agréables sous un gouvernement qui, contrariant la raison à chaque instant, tient toute la population dans un état d’irritation habituelle. »

Cette supposition n’est malheureusement que trop exacte ; mais on a remarqué que le fanatisme religieux imprime à la folie, chez les Espagnols, un caractère sombre et frénétique. On compte dans la Péninsule trois établissemens principaux pour les insensés : le premier à Tolède, le second à Valence, le troisième à Saragosse. Un quatrième existait à Cordoue, mais depuis quelque temps il est abandonné.

II. — POPULATION DE L’ESPAGNE.

Dans aucune contrée de l’Europe, la population n’a subi autant de fluctuations qu’en Espagne, et n’a diminué, depuis peu, dans une aussi effrayante proportion. Ce décroissement est dû à la réunion d’une infinité de causes dont un petit nombre auraient suffi pour le produire. L’invasion du pays par les Maures en est justement regardée comme la primitive origine. Les fièvres contagieuses et les pestes qui, à différentes époques, ont désolé les provinces méridionales du royaume ; les guerres intestines entre les Maures et les chrétiens, guerres sanglantes qui ont déchiré cette contrée depuis le neuvième siècle jusqu’à la prise de Grenade, vers la fin du quinzième ; l’expulsion de trois millions de Juifs et de Maures, le découragement de l’agriculture ; la mauvaise direction des entreprises commerciales, lors de la découverte de l’Amé-