Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

et d’holocaustes présentés au foyer domestique, comme sur un autel, où brûlait le feu sacré, de même qu’il brûlait au foyer de l’État, que gardaient les anciens, les Prytanes.

Une telle croyance n’aboutit pas nécessairement au pouvoir monarchique absolu de Babylone et de la Chine, mais y conduit avec facilité ; pouvoir qui, toutefois, trouve sa règle dans les conditions mêmes de l’existence patriarcale. Il n’est pas arbitraire ou despotique, quoiqu’il ne développe les facultés de l’intelligence humaine que resserrées dans de certaines bornes, créant et constituant une population plutôt passive qu’active.

La religion héroïque, en exaltant l’orgueil des races, franchit déjà les bornes de la famille, et se crée un culte public, qui n’est plus le culte domestique, mais une religion de l’État, avec son dieu national, sa justice politique émanée de ce dieu, et son appel à la patrie commune. Cette croyance suppose un peuple d’hommes qui soient des hommes par excellence, et dont la grandeur est fondée sur l’exclusion des autres hommes, dans lesquels ils ne reconnaissent pas leurs semblables.

La doctrine théosophique aspire partout à une croyance universelle, à une religion de l’humanité, et veut réunir les peuples dans un système commun, sans admettre des nationalités distinctes. Elle prétend fonder une religion du genre humain, et non pas un culte domestique, ou un culte de l’État. C’est ce que prêche la secte de Bouddha, partout où elle a pénétré. Les Brahmanes l’ayant attaquée, parce qu’elle allait contre l’organisation des castes, les Kshatriyas la soutinrent, et elle faillit causer une révolution dans l’Inde, par les secours que lui prêtèrent les empereurs du Magadha. Mais