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DÉVELOPPEMENT DU GENRE HUMAIN.

ce sacerdoce se recrute. Souvent il recherche tout exprès la condition humble, la condition esclave, comme Salmolxis entre autres, dieu dont il est dit qu’il fut esclave. Les Druides se recrutaient dans le peuple, et non dans leurs propres rangs, car ils ne vivaient pas en familles. Cette organisation chez eux était récente ; leur institution n’est pas plus ancienne que l’invasion des Kymro-Belges. Les Irlandais, qui ont conservé dans une plus grande pureté les institutions celtiques originelles, ignoraient l’organisation des Druides de la Grande-Bretagne, qui, s’affiliant dans les Gaules, cherchèrent, par des moyens religieux, à changer la constitution de ces peuples. La science seule et la sainteté étaient censées présider au choix des différens emplois dans les degrés d’initiation à l’ordre et à la hiérarchie des Druides.

Concentrée, avant tout, dans la famille, la religion primitive ne reconnaissait pas encore un culte de l’état indépendant de la religion domestique. L’État, durant l’ère patriarcale, ce n’était pas la réunion des hommes politiques, des citoyens ; c’était moins encore l’affiliation des habitans sur un vaste territoire : c’était l’emblême de la réunion des familles ; son culte n’était qu’un culte du foyer patriarcal élevé sur une plus haute échelle. Tel est le spectacle que nous présentent les enfans de Brahma ou de Baal, les adorateurs des dieux du Latium et des divinités de la cité d’Athènes, quand elle était encore pélasgique. Soutien du culte domestique, le fils aîné dans la famille offrait le type de l’homme le plus ancien dans l’État, soutien du culte de l’État. La religion, dont le but était l’adoration de Dieu dans la nature, organisait en même temps un culte des ancêtres, dieux mânes ou lares, un système d’offrandes