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DÉVELOPPEMENT DU GENRE HUMAIN.

Le logos, l’esprit divin, se manifestait, dans la religion héroïque, isolé du kosmos, de l’univers, et, incarné en demi-dieu, combattait à la tête de l’humanité guerrière, contre les puissances du kosmos, les liens de la nature fatale et nécessaire. Ce n’est pas à l’humanité altière, superbe et militante, c’est à l’humanité souffrante, modeste et humble que s’adressent les théosophes du paganisme, à l’humanité esclave. Ils présentent la vérité sous une forme conciliatrice, et ramènent, par la contemplation, le kosmos, ou l’univers, dans le sein du logos, de l’intelligence suprême : la religion patriarcale, au contraire, nous montre le logos, l’esprit de Dieu, démembré, et, pour ainsi dire, incorporé au Kosmos dans toutes ses parties, enchaîné dans la masse de la nature. Le nouveau dieu de la théosophie enseigne l’immortalité en sa personne, et a pour mission de ramener l’humanité au principe dont elle était émanée. Jadis sainte et sacrée, quoique malade et déchue aux yeux du sage de l’ère patriarcale, qui admettait la transmigration des âmes ; combattue ensuite par l’homme de l’ère héroïque, comme une puissance magique et démoniaque, la nature est, pour le théosophe, une vile matière : ainsi le paganisme achève le cercle qu’il avait à parcourir, en partant de l’adoration de la nature pour arriver à son mépris extrême. Quand, dans un âge avancé, les pontifes de cette théosophie ont atteint à la sommité de leur existence, elle les exhorte à se livrer vivans aux flammes, pour remonter vers cette divinité suprême dont ils se disent les révélateurs. L’idolâtrie du logos se consomme dans leur personne, comme l’idolâtrie du kosmos avait été consommée dans la personne des pontifes des premiers âges du monde.

Le bouddhisme est la plus remarquable production de