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VOYAGES.

que le dakhal, c’est-à-dire l’homme qui demande protection, les abordant par surprise, il n’y a aucun mérite à accéder à sa demande ; mais dans quelques circonstances, les droits du dakhil ne sont qu’en partie reconnus.

Si dans un combat, au milieu du carnage, un ennemi qui se voit poursuivi, peut saisir l’occasion de se mettre sous la tutelle d’un Arabe qui soit l’ami de celui qui menace ses jours, l’Arabe lui dira peut-être : « Je protége votre vie, » mais non votre cheval et votre bagage. » Ces objets deviennent d’ordinaire le partage du vainqueur.

Les femmes, les esclaves, et même les étrangers, peuvent recevoir un dakhil. La femme le remet immédiatement à son père, à son mari, ou à un parent ; l’esclave à son maître, et un étranger à son hôte. J’ai fait observer que dans certaines circonstances le rabit en touchant une personne peut se proclamer son dakhil ; mais il est bien entendu que personne n’a le droit de délivrer un rabit en le touchant volontairement. Il était nécessaire que la loi établît cette garantie, parce que le maître du prisonnier a toujours dans sa tribu quelque ennemi secret qui pourrait tenter de le priver de la rançon qui lui appartient. Il est donc obligé de se tenir constamment sur ses gardes, et de forcer son prisonnier à renoncer au privilége du dakhil, ou bien d’empêcher qu’il n’entre personne dans sa tente. Si le rabat a beaucoup d’occupations, il peut confier son prisonnier à un ami éprouvé qui le garde dans sa propre tente, et reçoit d’avance une chamèle pour prix de sa surveillance. Si quelqu’un offense ou insulte le dakhil d’un autre (circonstance qui a lieu bien rarement), la perte de tout son bien paraîtrait insuffisante au cadi pour expier un tel forfait, qui est jugé avec plus de sévérité que si le coupable avait outragé le protecteur lui-même. Pour dire : « Mon dakhil a été offensé par une tierce personne, » l’Arabe dit : « Mon sol a été ravagé ou foulé aux pieds ; on m’a blessé dans mon honneur. »

Je n’ai parlé jusqu’ici que des vols commis dans les camps ennemis ; mais les Arabes ne bornent pas leurs rapines aux