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SAYNÈTE.

Dona Maria.

La chaleur du jour m’accable… je sens mes yeux s’apesantir, se fermer malgré moi…

Don Félix.

Dormez, reposez-vous, dona Maria… je veillerai pour vous…

Dona Maria.

C’est pour rêver à mon Félix…

(Elle s’endort.)
Don Félix.

Elle sera plus à l’ombre encore dans cette salle à côté… (Il la prend dans ses bras et la transporte, puis revient.) Maintenant… je vais attendre et fermer les yeux pour ne voir que mon bonheur. Déjà Santarem approche ; c’est là qu’il existe… (Il s’assoupit un instant.)

(Entre le comte, suivi de deux de ses gens.)
Le comte.

C’est bien, ils sont ici ; le voici lui-même, et voici dona Maria… Sortez et emmenez leurs chevaux. Tenez-vous tous à quelques pas, et accourez au premier son que je tirerai de ce cor… Je pourrais enlever dona Maria pendant son sommeil ; mais je veux qu’il se la voie arracher…

Don Félix, se réveillant.

Qui a parlé de dona Maria ?…

Le comte.

Son maître et le tien.

Don Félix.

Le comte !… Est-ce un cauchemar ?…

Le comte.

C’est donc ainsi, misérable, que tu exécutes mes ordres !… Ah ! tu as pensé m’échapper ; mais c’est impossible… J’ai là vingt hommes armés qui vont venir au premier son de ce cor. On a emmené vos chevaux, vous ne pouvez plus fuir… Il faut m’obéir… Tu vas me laisser enlever dona Maria, et toi va-t’en… Je te laisse libre de ton sort… pourvu que je