Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/477

Cette page a été validée par deux contributeurs.
453
SAYNÈTE.

Le Comte.

Laissez-moi, comtesse, ou tremblez pour vous…

La Comtesse, luttant toujours…

Est-ce qu’une mère tremble jamais pour elle ?… Vous ne toucherez pas à mon fils… ou égorgez-moi d’abord,

Le Comte.

Tremble d’être exaucée…

Don Félix, portant la main sur son épée.

Ah !…

(Le comte refléchit un instant ; puis, abandonnant son poignard aux mains de la comtesse, il s’adresse à son fils.)
Le Comte.

Don Félix, je t’accorde une heure pour partir… Après cette heure je me chargerai de te faire disparaître…

(Il sort.)
La Comtesse.

Ah ! mon fils !

Don Félix.

Ma mère ! Dieu ! vous êtes blessée ! Vos mains sont tout ensanglantées !…

La Comtesse.

Ce n’est rien ; la lame de cette dague m’a déchiré les doigts quand je vous défendais… Ne faites pas attention, mon cher fils… D’ailleurs (à voix basse), c’est la seconde fois…

Don Félix.

Oh ! laissez-moi baiser votre sang sur vos mains… Ma mère, vous m’avez sauvé la vie au péril de la vôtre… Si jamais il fallait qu’on mourût pour vous, votre fils ne l’oubliera pas… Je vous le dis aujourd’hui, seize août treize cent soixante-cinq… Oh ! que ne suis-je votre frère… au lieu d’être votre fils ; dès à présent j’irais vous sauver et vous venger du tyran, du monstre…

La Comtesse.

Mon fils, songez-vous de qui vous parlez ?…

Don Félix.

Il est mon père, ce n’est pas devant vous que j’oserais le