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UN TRAIT DE LA VIE
DE
D. Pèdre le Justicier.



Scène PREMIÈRE.


LA COMTESSE DE PORTO-CARRERO, DONA MARIA PIREZ.
Dona Maria.

Eh, quoi ! comtesse, vous ignorez tout cela ?

La Comtesse.

Hélas ! je ne sors point, je ne connais point la cour : confinée par mon époux dans cette prison, qu’il appelle mes appartemens, je n’ai pas même un écho de ce qui se passe au dehors.

Dona Maria.

En vérité, comtesse, votre caractère est inconcevable ; on cherche vainement à la cour à s’expliquer la soumission avec laquelle vous vivez sous un tyran qui ne peut même se dire jaloux pour s’excuser. Vous êtes encore jeune et belle, votre conduite a toujours été irréprochable, jamais le moindre souffle de calomnie n’osa flétrir votre pureté, et vous êtes à peine traitée comme une maîtresse qu’on n’aime plus… Il ne tient qu’à vous de sortir de cet esclavage.

La Comtesse.

Ne parlons plus de cela, dona Maria ; vous savez que j’aime mieux complaire à mon époux, tout injuste qu’il peut