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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

d’Asia, sur les bords du Kouban, et une nation des Ases, dans la cité des Aspourgitans. Strabon, à la vérité, nomme ceux-ci pour la première fois, mais Eschyle parle déjà de l’Asia, qui s’étend du Bosphore jusqu’au Caucase : c’est le Sindiké, contrée fameuse pour son commerce et sa fertilité. Il y avait aussi un pays d’Asia dans la Lydie, où régnait Men sur les Méoniens, où Kotys fut roi, où nous avons reconnu les Amazones. Ces deux contrées, l’Asia qui s’étendait entre les embouchures du Kuban et du Tanaïs, et l’Asia lydienne, furent occupées très-probablement par un seul et même peuple dont les traces ont disparu.

La déesse Asa était partout adorée dans les contrées de la Bactriane et de la Transoxane. Ashpourkan, la cité d’Azburg, s’élevait entre Balkh et Badakshan, et porte aujourd’hui le nom défiguré de Shibbergan. La fable héroïque persane parle de la cité d’Azburg. Elle est, entre autres, le but de l’une des expéditions du héros Rusthem, qui se propose de combattre le Div Sefid, le démon blanc, près de la montagne d’Azburg, où le soleil se couche. Toute la Sogdiane a été occupée par les Asi ou Asiani, que les écrivains chinois ont connu deux siècles avant l’ère chrétienne.

Nous sommes entrés dans une série d’événemens d’un tout autre caractère que ceux de l’ère primitive, La cosmogonie cesse d’être religion exclusive. Le Verbe n’est plus exclusivement adoré comme un dieu sacrifié, son propre pontife et sa propre victime, Dieu créateur et Dieu créature, manifesté dans le kosmos, dans l’univers. Le logos s’incarne sous forme spéciale, se dit libérateur, héros : il se révèle comme homme. Ce caractère, qui a peine encore à s’individualiser dans le