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RÉVOLUTION POLONAISE.


VI.


Affaires de la Lithuanie. — Légion lithuanienne. — Club des Frères réunis, Radziwill et Lelewel ses présidens. — Formation du gouvernement national. — Projet d’offrir sa présidence à Lelewel. — Nomination de Czartoryski. — Intrigues des coteries aristocratiques contre Lelewel. — Nomination des membres du gouvernement national. — Démêlés de la société patriotique avec la diète. — Affaire de la cocarde tricolore. — Couleurs nationales de la Pologne. — Bonnets de la liberté. — Discussions, dans le club, sur la république. — Honneurs rendus à la mémoire du cordonnier Kilinski.


Un des plus fâcheux résultats de la politique timorée de Chlopicki fut l’abandon de la Lithuanie. Le nonce Godlewski propageait la révolution dans le palatinat d’Augustow, qui, avant le démembrement, faisait partie de la Lithuanie. Entré en communication avec les habitans de la Samogitie et des environs de Wilna, il les avait trouvés tout prêts à s’insurger, et en avait informé Chlopicki ; mais ce prétendu représentant de la nation polonaise, au lieu d’accueillir cette offre des enfans de la patrie commune : « Dites aux Lithuaniens, lui écrivit-il, qu’ils restent tranquilles, et si nous avons besoin d’eux, nous le leur ferons savoir. » Cependant beaucoup de Lithuaniens, de Wolhyniens, de Podoliens et d’Ukrainois, trompant la vigilance des sbires moscovites, étaient arrivés à Varsovie dans le but de former une légion dans l’armée nationale. Nous avons vu comment Chlopicki répondit à leur demande. Il était donc naturel que la chute de ce pouvoir anti-national ranimât les Polonais soumis à la domination russe. On forma un club sous le nom de Société des Frères réunis (de Pologne et de Lithua-