Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/420

Cette page a été validée par deux contributeurs.
396
VOYAGES.

avant que l’homme eût laissé aucun sentier sur la croupe de cette montagne, si quelquefois le chasseur de chamois, entraîné par l’ardeur de sa poursuite jusque dans cette gorge formidable, arrivait au point même où nous sommes, il embouchait avec un tremblement d’horreur la corne à bouquin suspendue à sa ceinture, et faisait entendre trois fois l’appel magique : hi ! ha ! ho ! trois fois, une voix lui rapportait distinctement des profondeurs de l’horizon la triple adjuration : hi ! ha ! ho ! alors il s’enfuyait plein d’épouvante, et allait conter

    sine contradictione alicujus hominis, et nihil nobis nisi eleëmosinas et orationes pro animabus nostris et parentum nostrorum retinemus, ut sanctus Michaël Archangelus perducat nos et illos in paradisum exultationis. Si quis autem, quod absit, hoc donum confringere voluerit, in anathemate et maledictione sit, sicut Datan et Abiron, quoùsque resipiscat et satisfaciat. Ex istis ergo donis sunt legitimi testes, uterini fratres comitis Willelmus Fulciniacus, et Amedeus, et Thurumbertus de Nangiaco, et Albertus miles, et Agueldrandus presbiter, et Silico.

    Ego Andreas, comitis capellanus, hanc cartam præcepto ipsius comitis scripsi, et tradidi feriâ septimâ lunâ 27e. papa Urbano regnante. »

    Au bas de cet acte pend le sceau du comte en cire blanche, et, quoiqu’il soit sans date, on conjecture, par le règne du pape (Urbain ii, qui siégea depuis l’an 1088 jusqu’en 1099), qu’il fut passé environ l’an 1090, époque à laquelle ce même comte, conjointement avec Gérard son fils, fit une donation assez considérable au monastère de S.-Oyen de Joux.

    Le prieuré de Chamonix, fondé par Aymon, comte de Genève, du temps du pape Urbain ii, avant 1099, dépendait de l’abbaye de Saint-Michel de La Cluse. Guillaume de La Ravoyre, qui en fut le dernier prieur, en procura l’union à la collégiale de Sallenches. Guifrey, qui en était prieur en 1229, fut présent, le 12 des calendes de mai, à la cession qu’Aymon, seigneur de Faucigny, fit de Chamonix à Guillaume, comte de Genève. Guillaume de Villette fut prieur en 1319. Aux nones de juillet, Hugues, dauphin, seigneur de Faucigny, lui confirma la juridiction du prieuré de Chamonix et de ses dépendances.