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CHRONIQUE HÉBRAÏQUE.

— Infâme Tirtza !

Puis elle se sentit saisie par une main de fer, sans cette main elle tombait à la renverse.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La foule s’en va dans la rue, où va la foule ?

Capricieuse et échevelée, insouciante, toute curieuse, elle se rend au temple de Salomon, et pourtant ce n’était ni le septième jour de la semaine, consacré à Dieu, ni aucun jour de fête solennelle.

Tous les regards se dirigeaient vers la principale entrée du temple. À cette porte se tenait le grand-prêtre, revêtu de ses habits pontificaux, le visage tourné vers l’orient. À sa droite et à sa gauche étaient deux autres serviteurs de Dieu ; ensuite les deux voisins de Zimram, Zébul et Elipheled.

Devant les cinq vieillards, deux nouveaux personnages se placèrent bientôt.

Alors tous les regards se portèrent sur les nouveaux venus.

Le premier de ces deux personnages est un homme de quarante ans, d’une haute stature. Une douleur concentrée et profonde altère son visage, ses yeux noirs brillent d’un feu sombre, un sourire amer contracte sa bouche, et sa main agitée d’un tremblement convulsif tient et serre le manche de son poignard dans sa ceinture.

Près de lui se tient debout une femme voilée, pliée en deux, tremblante, et si pâle, qu’à travers son voile elle est pâle.

Toutes les avenues du temple sont encombrées : c’est une mer agitée, c’est un sable mouvant sur lequel on ne distingue que des voiles blancs, des turbans variés de mille couleurs ; mais, dans cette enceinte vivante, cherchez à reconnaître les détails de cet ensemble ; regardez ! parmi ces voiles, ces turbans, ce sont des yeux que l’impatience anime, des fronts que la colère a plissés, des bouches qui s’ouvrent pour appeler la vengeance, et qui restent béantes en de longs cris de mort.

Le grand-prêtre est debout, il va parler, on écoute !