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CHRONIQUE HÉBRAÏQUE.

— Déjà levé, dit le dernier venu ; tant mieux, Tabor, je m’en réjouis. Ah ! vous voilà, Zimram ; c’est singulier, je vous croyais chez vous.

— Pourquoi ? dit le docteur étonné.

— En passant devant votre porte, j’ai cru voir entrer un homme de votre taille, et je pensais…

— Un homme ! un homme entré chez moi ! chez moi ! interrompit vivement Zimram ; un homme !…

— Ne vous alarmez pas, Zimram, reprit Zébul, moi aussi je l’ai vu, et son air n’avait rien d’une mauvaise intention. C’est, je crois, un étranger, peut-être un voyageur : ses habits étaient couverts de poussière.

— Mais étranger ou non, cet homme, Zébul, on ne l’a pas reçu, cet homme ! J’ai défendu… Vous n’avez pu le voir entrer chez moi, cet homme ! dit Zimram dans la plus vive agitation.

L’étranger du temple de Salomon lui revenait à la mémoire. Elipheled répondit tranquillement.

— Il est entré chez vous, Zimram, cet homme, et si vite entré, que je n’ai vu que le bout de ses sandales rouges… rouges comme les vôtres, Zimram, et voilà pourquoi j’ai pensé que c’était vous ; mais, comme dit Zébul, c’est peut-être un voyageur, cet homme, un pauvre, ou un de vos parens, ou un des parens de votre femme.

Zimram n’écoutait plus ; il s’était élancé hors de la maison.

— De grâce, suivez-le, dit Tabor aux deux voisins.

Sa marche était précipitée, et ses voisins avaient peine à le suivre.

Il arriva à sa porte, il leva la main pour frapper, et sa main retomba sans force ; il ne pouvait respirer ; on aurait dit que toutes les passions s’étaient ramassées, fixées sur son cœur, et l’étouffaient.

Zébul leva le marteau, et frappa !

Une minute se passa, puis deux qui lui parurent un siècle ; on ne venait pas ouvrir.

Zimram mit la main à sa ceinture, il en tira un poi-