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Tirtza,


CHRONIQUE HÉBRAÏQUE.

C’était l’heure de la prière à Jérusalem. Parmi les habitués du temple de Salomon, un étranger se faisait remarquer : jeune et beau, portant le costume d’une tribu voisine, était-il venu, comme la foule empressée, seulement par amour ou par crainte du Dieu fort et jaloux d’Israël ? Non : ses voisins s’aperçurent avec étonnement que sa voix ne se mêlait pas à leurs voix, et que ses regards restaient constamment fixés sur une galerie élevée : il semblait ne point prendre part aux cérémonies religieuses qui se passaient autour de lui.

La galerie était fermée par un treillage ; à chaque angle, des rosaces d’or, et derrière le treillage, des voiles de femmes, tous blancs, unis, uniformes, formant un bandeau sur le front, et ne laissant paraître de la figure qu’un œil unique, puis retombant en longs plis sur le reste du corps. Un de ces beaux yeux, échappé au voile, œil jeune et brillant, d’une beauté, d’une forme parfaite, a laissé tomber un regard dans l’enceinte consacrée aux hommes ; arrêté un instant sur le jeune étranger, le doux regard s’est tout de suite relevé vers le ciel, comme vers un refuge contre un mal sans espoir.

À ce regard, le jeune étranger frissonna. Il s’appuya contre une colonne, vaincu par son émotion ; un homme était près de lui, un homme au visage dur, au front sévère, et