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RÉVOLUTION POLONAISE.

l’administration russe[1], ils avaient pour eux les mêmes ménagemens qu’ils trouvaient dans le gouvernement révolutionnaire, justifiant leurs crimes, et s’assurant leur reconnaissance pour le cas éventuel d’un retour à l’ancien ordre de choses. Tous ces hommes avaient leur appui dans les coteries aristocratiques, qui ont joué un rôle assez important pour que nous en disions quelques mots.

Nous avons vu que la noblesse polonaise ne constituait point une véritable aristocratie ; mais à la chute de la Pologne tout l’ordre politique fut renversé. La Prusse, et surtout l’Autriche, s’empressèrent d’offrir aux familles riches les titres féodaux de comtes et de barons, avec ou

  1. Voici la formule de serment des espions de la police secrète du Czaréwitch : « Je jure devant Dieu tout-puissant en trinité seule et indivisible, devant la sainte vierge Marie, mère de notre Seigneur Jésus-Christ, devant tous les saints et devant mon saint patron, que je remplirai ce service public avec le plus grand zèle, et en observant tous les articles de l’instruction qui me sera lue ou remise. Je jure en même temps de garder le plus profond secret sur tout ce qui me sera confié, commandé ou prescrit par la loyale autorité (prawe naczelstwo), et de n’en rien révéler ni à mes parens, ni aux individus attachés aux autres divisions de la police, ni à leurs chefs, ni à aucune autre personne, et surtout aux étrangers et aux ennemis de la Pologne et de la Russie, ma patrie. Je jure de remplir tous les détails du service de la manière et dans le sens qui me seront indiqués, de ne jamais mentir, de ne cacher ni rien changer ; de ne me laisser guider ni par l’esprit de parti, ni par la haine, ni par l’amitié, mais de remplir mes devoirs avec la plus grande loyauté, honnêteté et exactitude, comme il convient à un homme dévoué au gouvernement, à un serviteur de son monarque et à un sujet fidèle. Dans le cas où je serais éloigné de ce service ou le quitterais de mon chef, je jure de ne révéler jamais à personne rien de ce qui m’aura été confié par mes supérieurs et par mon gouvernement ; je jure aussi de ne dire à personne que le présent serment existe, ni que je l’ai prêté. Que le Dieu tout-puissant dans la trinité sainte et indivisible, que tous les saints me prêtent leur secours pour le garder fidèlement, afin que dans tous les cas prévus ou imprévus je ne m’éloigne point de ma route, et n’agisse jamais que d’après les ordres