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RÉVOLUTION POLONAISE.

sonne, excepté Wisniewski, ne songeait à l’interpeller. Il prit donc sa place de nonce de Zelechow, mais ne put être inscrit que le trentième sur la liste des orateurs. Enfin, sur la demande du nonce de Sandomir, Swidzinski, le maréchal appela Dembowski à rendre un compte verbal de la situation du pays. Ce rapport laconique, au lieu d’éclairer la chambre, ne servit qu’à embrouiller la question. Alors, au grand étonnement des spectateurs, Lelewel quitta sa place de nonce, et passant à la tribune publique, il déclara que la discussion manquait à la dignité de la représentation nationale. Quant au maréchal Ostrowski, il se laissa trop emporter par son enthousiasme patriotique ; il avilit même la chambre par sa précipitation, car, sur l’avis d’un député, il envoya demander humblement à Chlopicki, par une députation nommée à cet effet, la faculté d’augmenter la commission chargée de surveiller la dictature. Ce projet n’était pas mauvais en lui-même, puisque la commission nommée par la diète avait le droit d’ôter la dictature à Chlopicki ; mais on doit reprocher au maréchal sa manière absolue de procéder, car il n’est pas de projet de loi qu’on ne pût faire passer en entravant ainsi la discussion.

Enfin, après des discours fort longs, et souvent bizarres, on passa aux votes : ils se donnent, en Pologne, à haute voix, par les mots latins : affirmative ou négative. Une seule voix, celle du nonce Morawski, fut négative. Cent votèrent sans restriction, et quatorze, au nombre desquels était le maréchal, ajoutèrent : vu la nécessité. Quant à Lelewel, il déclara que quoique la discussion ne fût pas de celles où il aimait à donner son opinion, il votait pour l’affirmative.

C’était là un nouveau triomphe du parti doctrinaire. L’anarchie, disaient-ils, est à craindre s’il n’y a pas de dictateur, et Chlopicki est le plus capable de l’être.

Quoi qu’il en soit, depuis six mois que la dictature est morte, l’anarchie ne s’est manifestée ni dans l’armée ni dans le peuple ; et les batailles du mois de février, où le prince