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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

illégal ; je vous prédis les plus fâcheux effets d’une pareille conduite. » Cependant, comme ministre et comme membre du gouvernement provisoire, il travaillait presque tous les jours avec le dictateur ; il lui représentait la nécessité d’ouvrir la diète ; il l’assurait même que l’autorité qu’il désirait lui serait confiée, mais qu’il fallait laisser la diète réfléchir sur cet objet.

Cette autorité était immense, Chlopicki voulait être entièrement libre dans sa conduite, être investi d’un pouvoir civil, militaire et législatif sans bornes, et avoir jusqu’à la faculté de changer la constitution du pays. Il voulait traiter avec la Russie et les autres puissances, sans le concours d’aucune autorité nationale ; mais en même temps il consentait à ce que la diète limitât la durée de sa dictature.

Le 16 décembre, le colonel Hauké arriva de Pétersbourg. Le dictateur présenta au gouvernement provisoire les lettres qu’il avait reçues, demandant dans quel sens il devait répondre. « Agissez en toute liberté, lui dit-on, et représentez au Czar les choses sous leur véritable aspect. » Lelewel ajouta qu’il fallait représenter à Nicolas qu’il n’empêcherait l’effusion du sang qu’en se prononçant en faveur des provinces russo-polonaises. Cette observation fut d’abord accueillie, mais un des membres fit observer que cela ne regardait ni le dictateur, ni le gouvernement provisoire. Chlopicki s’emporta contre Lelewel ; mais le sénateur Dembowski ayant appuyé et fait approuver la proposition, le dictateur se tut ; il sortit mécontent, et rédigea sa lettre au Czar dans un sens tout-à-fait opposé à la décision du gouvernement provisoire et aux vœux du peuple.

Les Lithuaniens, les Wolhyniens, les Podoliens et les Ukrainois qui se trouvaient à Varsovie, demandaient à former une légion lithuanienne, il s’y opposa formellement ; et déjà aigri par les députations de la diète, il finit par la voir avec la plus grande répugnance.

Le 17 décembre, une députation du sénat et de la chambre des nonces assista par ses ordres à la séance du gouvernement