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DÉVELOPPEMENT DU GENRE HUMAIN.

dans les trois phases de son développement patriarcal, héroïque et théosophique, a montré de la force, une puissance suffisante pour nourrir et pour instruire le genre humain, une énergie substantielle. Synthétique et absolue, analytique et sceptique, expérimentale et rationnelle, la philosophie païenne a brillé des plus hautes facultés de l’intelligence ; comme la religion, elle a réagi sur la législation et sur le gouvernement de l’État. Sous aucune de ces deux formes la nature du vieil Adam n’est en elle-même bonne ; si le germe qui s’y trouve déposé engendre la vie, il ne conduit pas à l’immortalité, il donne la mort.

La cosmogonie est la religion de l’ère patriarcale. Manifesté au sein de la création, le Verbe, âme des êtres, s’incorpore à leur substance : doctrine d’où naissent ou des créations simples, mais sublimes, ou des créations colossales, qui se rattachent toutes également aux origines de la vie pastorale, agricole et industrielle des peuples. Les croyances de Bactres et celles de Babylone offrent les unes le premier, les autres le second de ces caractères. Que l’on compare les Védas, expression de la religion bactrienne, avec la théorie chaldéenne des Baalim, et l’on saisira la différence.

Dans les deux croyances la fatalité règne. L’homme déchu subit dans l’univers ses métamorphoses. Après avoir parcouru le cercle de la création, et suivi la voie de la pureté, l’homme pieux, selon les Védas, retourne au principe dont il est émané. Le gigantesque de la religion brahmanique est tempéré de grâce ; une contemplation profonde y éclate ; le labeur, accepté avec noblesse, repose sur la sainteté des devoirs, quels qu’ils soient. Toutes les créatures sont protégées par une égale tendresse. Le fils de Baal, au contraire, réclame la su-