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ÎLE DE ROTUMA.

pitalité, plaçant devant moi des fruits à pain, des bananes, auxquels cependant je ne touchai pas. Je lui donnai quelques grains de collier avant mon départ, dans le dessein de faire diversion à sa douleur. Les habitans de cette île emploient comme boisson le kava ou ava, et le cultivent soigneusement ; mais je ne me suis jamais aperçu qu’ils en aient mésusé. Les tasses dans lesquelles ils boivent ce kava sont proprement fabriquées avec le bois de fifau.

Les danses de cette île sont très-curieuses, et ont lieu à la lueur des torches. Comme j’assistai avec grand plaisir à un de ces divertissemens terpsychoriens, qui fut des plus brillans, je puis entrer dans quelques détails à ce sujet. D’abord, les hommes, dans des danses, tantôt lentes, tantôt vives, montrèrent une exquise fidélité à suivre le chant monotone, mais agréable de l’orchestre. Ils accompagnaient tous leurs pas de claquemens de mains répétés. Des spectateurs encourageaient à propos les danseurs par les cris retentissans de mariai ! mariai ! (fort bien ! fort bien !). Les femmes, parées de fleurs, suivant leur coutume, déployèrent ensuite une grâce et une agilité remarquables. Mais mon attention fut singulièrement excitée, lorsque je vis que les deux sexes allaient danser concurremment. Les femmes étaient rangées sur une ligne, et les hommes sur deux. Dans un mouvement grave et mesuré, les femmes imitèrent avec beaucoup de vérité les révérences des dames européennes. À cette mesure lente et gracieuse en succéda une autre très-vive et très-animée. Ce fut le tour des Rotumans. Les femmes se contentèrent alors de chanter, de frapper des mains, et de faire un léger mouvement du pied qui correspondait parfaitement à la mesure. Ce ne fut pas sans une vive satisfac-