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VOYAGES.

seuls jouissent de la prérogative d’en porter autour du corps, en guise de ceinture. À quelques pas de là, des arbres à pain dessinaient un cercle autour du tertre, qui se trouvait ainsi singulièrement ombragé. Les cimetières ordinaires touchent aux villages, et ne sont pas sans ressemblance avec les nôtres. On y voit des monticules entourés de pierres, et sur les tombes sont étendus de grands blocs de corail, les uns dans le sens horizontal, les autres dans le sens vertical, comme c’est la coutume en Europe. Les morts sont enveloppés dans une natte. Beaucoup d’arbustes, parmi lesquels je distinguai le toa, ombragent les tombeaux. Je remarquai aussi en certains endroits des amas de pierres entassées les unes sur les autres, et sur lesquelles on avait construit des huttes. J’appris que ces pierres et ces huttes indiquaient la sépulture de quelques chefs fameux.

On fabrique dans cette île quatre espèces de nattes : la première se nomme ehap, et se fait avec les vieilles feuilles du sahang, espèces de pandanus. La seconde s’appelle apé-sala ; elle se fabrique aussi avec les feuilles du sahang, que l’on fait blanchir d’abord, en les arrosant plusieurs fois, et en les exposant au soleil. Cette natte est d’une belle qualité. La troisième est l’apéniau ; celle-ci est encore plus belle que la précédente, et s’obtient de l’arbuste hibiscus tiliaceus, le vinghou des indigènes. La quatrième est l’amea, et c’est la plus estimée ; elle se fait de l’écorce d’un arbre appelé urtica, mais que les indigènes nomment amea, et c’est de ce dernier mot qu’elle a emprunté son nom. Les nattes de guerre sont de la même texture que celles appelées apé-sala, mais elles sont plus petites que ces dernières. Les Rotumans en portent jusqu’à quatre