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ÎLE DE ROTUMA.

mon voyage en 1829 : « Vous guérisseur de maladies, demeurez dans cette terre, pour que ses habitans ne soient pas consumés par la mort, et qu’ils puissent marcher la tête levée. » Comme je lui demandais quels seraient les avantages que me promettrait cette détermination : « Vous aurez, » répondit-il, « ce que la terre produit ; nous ne possédons pas autre chose. »

Outre la brûlure, les Rotumans sont dans l’habitude de se faire de profondes incisions. L’ophtalmie est une maladie commune chez eux. J’observai aussi que l’ophtalmie purulente exerçait de grands ravages chez les enfans ; mais ce fut en vain que je préparai des lotions pour que les mères leur en baignassent les yeux : elles montrent une aversion insurmontable pour tous les remèdes appliqués extérieurement ; elles ont, au contraire, une confiance aveugle dans ceux qu’on prend à l’intérieur. Les causes de ce dégoût d’une part, et de cette prédilection de l’autre, me sont tout-à-fait inconnues.

Sur une colline située dans l’intérieur des terres, à une petite distance du village de Shoar, je visitai la sépulture des rois, que les indigènes nomment Shisoul. Le sentier qui y conduit est délicieusement ombragé par des arbres de différentes espèces. Du reste, cette dernière demeure des rois n’est remarquable, ni sous le rapport du paysage au milieu duquel on l’a placée, ni sous celui de l’art. Cette sépulture est simplement un petit tertre entouré de pierres, et sur les tombeaux sont placés de gros blocs de corail, marquant la situation de chacun d’eux. En quelques endroits du tertre sont plantés des arbres, que les naturels nomment chinical (dracœna terminalis), et dont les feuilles sont très-remarquables par leur beau rouge foncé. Les rois