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VARIÉTÉS.

Le nombre des membres des sociétés de bienfaisance (friendly societies) montait à neuf cent vingt-cinq mille quatre cent vingt-neuf, en 1815 ; la somme de leurs capitaux, placés dans les fonds publics, montait à 40,000,000 liv. sterl. Ces fonds ont été garantis par des actes spéciaux du parlement, de sorte que tout empiètement sur ces sommes serait une violation honteuse des engagemens contractés.

Cependant ce ne seraient pas les rentiers seuls qui souffriraient de cette mesure ; les classes moyennes et industrielles en souffriraient aussi directement ou indirectement. Presque tout l’intérêt payable sur la dette est dépensé pour soutenir le commerce intérieur, les manufactures et l’agriculture du royaume. Une grande partie du revenu des hautes classes est dépensé à l’étranger, et influe à peine sur le commerce intérieur, tandis que les rentiers publics dépensent presque tous leur argent dans le pays, en faisant travailler l’artisan ou l’ouvrier.

Il s’ensuit que toute diminution d’un revenu qui est dépensé de cette manière, serait très-funeste pour l’économie et pour le commerce intérieur ; ce serait un moyen très-nuisible de tirer le royaume de son embarras pécuniaire ; car il n’y a aucune autre espèce de propriété dont la violation aurait des suites aussi terribles pour le commerce et pour la prospérité générale.

Nous concluons donc que l’homme qui peut proposer une pareille chose, est non-seulement ennemi de son pays, mais qu’il est entièrement dépravé et étranger à ces sentimens de justice et d’humanité, qui sont les liens des sociétés humaines.

Le tableau suivant, rédigé d’après des documens officiels, mettra nos lecteurs à même de comparer la répartition des rentes sur les fonds publics de la France, avec les rentes de la dette fondée du Royaume-Uni.