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LITTÉRATURE.

Cinyre et sa fille Myrrha tombent baignés dans leur sang. Le peuple fait éclater des cris de joie et de bruyans applaudissemens.

Dans un groupe de spectateurs.

Un homme du peuple. Oh ! la belle pièce que César nous a donnée là. Par Hercule ! je me suis autant amusé qu’à un combat de gladiateurs.

Un enfant. Et moi aussi, mon père. Permets une question : était-ce leur vrai sang qui coulait à flots, de ce méchant et de sa fille qu’il voulait épouser ?

La mère. Pour moi, je le crois, tant ils sont morts au naturel !

Un prolétaire. César ne ménage rien pour les plaisirs du peuple romain.

Troisième citoyen. Bonnes gens ! ne savez-vous pas que les acteurs avaient dans leurs vêtemens des outres pleines de sang de bœuf ?

Premier citoyen. Belle et ingénieuse invention ! Cela ne vaut pas toutefois du vrai sang d’homme coulant sur l’arène.

On entend du côté du palais un long murmure, un bruit confus de voix qui gagne de proche en proche.

La femme du peuple. Quoi de nouveau ? que se passe-t-il par là ?

Plusieurs. Écoutons.

Premier citoyen. J’entends nommer César. Grand Jupiter ! On parle de meurtre. Qu’est-ce ?

Troisième citoyen. Oui, on dit de ce côté que César est tué.

Second citoyen. Oh ! par le temple de Pollux, on en a menti ; c’est un faux bruit que font courir les ennemis du peuple romain.

Premier citoyen. Certes, oui : un si digne jeune homme