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MORT DU CALIGULA.

accompagnent Caïus jusqu’au palais, où il les laisse entrer par le vestibule ordinaire, et prend une issue dérobée.

Papinianus. Que va-t-il donc faire par-là ?

Aquilas. Peut-être veut-il entendre ses chanteurs d’Asie.

Sabinus. Il va chanter lui-même une autre musique.

Papinianus. Ah ! c’est pour les cérémonies qu’il institue en son honneur ! Il veut être dieu de son vivant : quand il sera mort, passe encore.

Chereas. L’heure s’approche où il sera dieu dans les formes. À moi maintenant.

Chereas se détache pour suivre Caïus dans un corridor, où il va lui demander le mot d’ordre.

Dans les petits appartemens de Caïus.

Caïus C., assis sur un lit de repos, et regardant les jeunes Asiatiques danser avec le javelot, le glaive et le bouclier. Ils vont bien. Mais pourquoi tous ces javelots tournés sur moi ? Ah ! j’oublie : c’est contre les spectateurs. Ma statue sera derrière avec une attitude menaçante. C’est cela : il faut frapper de terreur.

Ils accourent tous sur lui avec le glaive en avant. Caïus se lève, et recule.

Hélicon, affranchi de Caïus. César, ta sacrée majesté n’a rien à craindre.

Caïus, souriant. Si je ne croyais pas ma nature immortelle… Cependant ordonne à ces enfans de tourner les pointes de l’autre côté, comme si le public y était, (Ils accourent encore.) Assez, assez. Du chant maintenant ; dans le milieu de la voix, sur le mode phrygien qui mettait en fureur le beau Macédonien, mon collègue de l’Olympe. Voyons s’il y a ici un autre Timothée. Qu’on me chante pour essai quelque fragment d’ode grecque.

On prélude avec des lyres ; un des jeunes hommes chante :