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MŒURS RELIGIEUSES DU MEXIQUE.

justice, l’adultère même public, ne sont pas des taches pour les hautes classes.

L’usage est de planter une croix partout où un homme a été trouvé assassiné ; de la Vera-Cruz à Mexico, on croirait marcher à travers un immense cimetière : partout les traces du crime ! Et ces hommes à figures sinistres, connus par leurs forfaits, se promènent librement dans les grandes villes et défient la justice ! Toutes les réjouissances publiques, toutes les fêtes, sont souillées par des assassinats commis en plein jour, au milieu d’une population qui ne s’en émeut point. On dirait que ces jeux atroces sont indispensables : l’habitude endort la nature.

Cette propension au crime est une calamité que les Mexicains ont à reprocher aux Espagnols. Tous les mauvais sujets de l’Andalousie, tous les moines à charge aux couvens, et qu’on expédiait en Amérique ; la vie scandaleuse de la dernière vice-reine et des gens en place ; la rupture de tous les liens sociaux opérée par des guerres intestines, et le dévergondage de quelques généraux, de plusieurs magistrats influens, ont perverti chez ce peuple neuf et crédule toutes les notions du bien et du mal. Cela est d’autant plus déplorable, que les Mexicains sont naturellement doux, affables, et ont une aptitude remarquable pour les arts et les sciences. Nul doute qu’ils ne fussent aujourd’hui au rang de leurs frères du nord, si leurs vainqueurs n’avaient, par tous les moyens, étouffé ces germes féconds.

Le gouvernement actuel est un gouvernement sage et ami des progrès. C’est sous l’administration des hommes qui gouvernent aujourd’hui, que la république a été un moment prospère ; mais l’arrivée de Pouiset à Mexico, qui organisa la société secrète d’Iork, et dont l’influence renversa le système suivi jusque-là, a causé à ce malheureux pays des désastres qu’il réparera lentement ; la loi d’expulsion des Espagnols qui s’étaient ralliés à la république, et qui étaient mariés à des Mexicaines, a eu des résultats funestes ; la subite ascension de Guerrero à la présidence au mépris des lois,