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MŒURS RELIGIEUSES DU MEXIQUE.

il n’est pas rare de voir un père ruiner ses enfans pour racheter ses péchés par un testament en faveur de la Vierge ou de saint Christobal. Ces singuliers propriétaires, ainsi qu’on le prévoit, sont considérés comme mineurs, condamnés à avoir le curé pour tuteur, qui a l’administration des biens jusqu’à leur majorité.

Les moines enfermés dans les couvens ont aussi leur industrie : outre leurs quêteurs qui se croisent dans toutes les directions, ils conservent des reliques précieuses et des secrets merveilleux pour opérer la guérison de toutes les infirmités ; les miracles les plus étonnans s’opèrent journellement dans ces couvens ; ces merveilles répandues dans les campagnes font accourir les Indiens, hommes, femmes et enfans, de trente à quarante lieues. Les Nègres d’Afrique trafiquent des grigris pour garantir toutes les parties du corps ; les moines du Mexique possèdent des rosaires, des scapulaires pour toutes les maladies de l’âme, et il est rare de trouver un Indien sans trois ou quatre scapulaires ; les mères en parent leurs enfans à la mamelle ; les voleurs de profession, les filles de mauvaise vie, ne seraient pas rassurés sur l’avenir sans ces moyens de salut. L’habitude d’enterrer les morts avec l’habit de moine est une invention des plus heureuses ; un vieil habit râpé et dégoûtant rapporte au couvent 150 à 200 fr. C’est peu de chose si, comme on le dit, l’âme du défunt est purifiée par ce sacrifice, et monte au ciel sans discussion.

À vingt-cinq lieues de Mexico existe un couvent où j’ai été en pélerinage, et où j’ai reçu la plus cordiale hospitalité pendant quinze jours que j’y ai vécu ; mais ma reconnaissance pour ces bons religieux ne doit pas me faire taire la vérité. Ce couvent, placé au pied d’une montagne, à cheval sur une petite rivière qui arrose une plaine charmante, jouit de tous les agrémens des positions les plus délicieuses : là se trouve un Christ qui guérit de toutes les infirmités et comble des faveurs les plus signalées ceux qui vont le visiter. Les Indiens se rendent à ce couvent de trente