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NOUVELLE-ZÉLANDE.

une telle considération doit avoir sur l’imagination d’hommes pénétrés, dès leur plus tendre enfance, d’un préjugé aussi puissant. M. Nicholas me paraît être le premier voyageur qui ait bien saisi toute la valeur et toutes les conséquences du tapou chez les Nouveaux-Zélandais ; voici dans quels termes il s’explique touchant cette institution :

« Pour suivre la valeur du mot tabou dans ses acceptions nombreuses et variées, il faudrait détailler minutieusement toutes les circonstances de l’économie politique de ces peuples, tâche au-dessus de mes forces. Il règle non-seulement leurs institutions, mais encore leurs travaux journaliers, et il y a à peine un seul acte de leur vie auquel cet important dissyllabe ne se trouve mêlé. Bien que le tabou les assujétisse, comme on a pu voir, à une foule de restrictions absurdes et pénibles, il est néanmoins fort utile par le fait chez une nation si irrégulièrement constituée. En l’absence des lois, il offre la seule garantie capable de protéger les personnes et les propriétés, en leur donnant un caractère authentique que personne n’ose violer : sa puissante influence peut même arrêter les pillards les plus cruels et les plus avides. »

Les Nouveaux-Zélandais croient fermement aux enchantemens qu’ils nomment makoutou. C’est une source intarissable de craintes et d’inquiétudes pour ces malheureux insulaires, car c’est à cette cause qu’ils attribuent la plupart des maladies qu’ils éprouvent, des morts qui arrivent parmi eux. Certaines prières adressées à l’Atoua, certains mots prononcés d’une manière particulière, surtout certaines grimaces, certains gestes, sont les moyens par lesquels ces enchantemens s’opèrent. Nouvel argument pour attester que partout