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NOUVELLE-ZÉLANDE.

dit-on, sur le voyageur Nicholas du sacrilége que cet Anglais avait commis en maniant un pistolet, taboué pour avoir servi au chef Doua-Tara à l’époque de sa mort.

Mais le plus souvent les naturels s’empressent de prévenir les effets du courroux céleste en punissant sévèrement le coupable. S’il appartient à une classe élevée, il est exposé à être dépouillé de toutes ses propriétés, et même de son rang, pour être relégué dans les dernières classes de la société. Si c’est un homme du peuple ou un esclave, il peut arriver que la mort seule puisse expier son offense.

Pour concilier certaines idées de justice avec le respect dû aux règlemens du tapou, le chef Touai me disait que ses compatriotes avaient arrêté que les étrangers seraient excusables d’y manquer quand ils se trouveraient pour la première fois chez eux, mais que leurs fautes ne seraient pas tolérées dans un second voyage.

Un mot du prêtre, un songe, ou quelque pressentiment involontaire, donne-t-il à penser à un naturel que son dieu est irrité, soudain il impose le tapou sur sa maison, sur ses champs, sur sa pirogue, etc., c’est-à-dire qu’il se prive de l’usage de tous ces objets, malgré la gêne et la détresse auxquelles cette privation le réduit.

Tantôt le tapou est absolu et s’applique à tout le monde, alors personne ne peut approcher de l’objet taboué sans encourir les peines les plus sévères. Tantôt le tapou n’est que relatif, et n’affecte qu’une ou plusieurs personnes déterminées. L’individu soumis personnellement à l’action du tapou est exclus de toute communication avec ses compatriotes, il ne peut se servir de ses mains pour prendre ses alimens. Ap-