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ÎLE DES AMIS.

agréablement la vue. Tonga-Tabou, modeste métropole de cet archipel, s’étend sur un espace de douze lieues de longueur environ, tandis que sa largeur est très-resserrée par un lagon qui occupe le centre de sa surface. Devant l’entrée de ce lagon, une multitude d’îlots de grandeurs différentes se groupent au loin, séparés entre eux par des profondeurs inégales, ou par des bancs de ces perfides coraux qui rendent la navigation des mers du sud si périlleuse.

C’est dans le voisinage d’une de ces petites îles que l’Astrolabe avait jeté son ancre : les habitans la nomment Pangaï-Modou. Elle contenait à peine quelques cabanes sur un espace de plusieurs arpens, couverts d’une abondante végétation. La mer, toujours calme à l’abri de cette terre, nous permettait de fréquentes communications avec le rivage, et nous recherchâmes avidement les occasions de faire connaissance avec les naturels.

Déjà, pendant nos jours de malheur, des communications assez bienveillantes s’étaient établies entre nous et les insulaires. Mais il me faut reprendre de plus haut pour raconter l’origine et les progrès de nos relations avec ces sauvages.

Aussitôt que nous avions paru dans la passe de l’entrée, un indigène seul, montant une pirogue très frêle, nous avait apporté des fruits dont il s’était facilement défait pour quelques bagatelles. Cet homme nous avait suivis jusqu’à notre échouage. À l’instant même où nous donnions sur le récif, une autre pirogue acostait le navire ; elle portait un naturel d’une haute stature, qui, montant sur le pont, avec des manières fort libres, demanda le commandant, et se présenta comme un chef. La partie supérieure de son corps était nue et bien con-