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SCIENCES.

tholomi, a donné, dans un ouvrage presque inconnu, des détails fort curieux sur cette dernière maladie. Je crois devoir en rapporter quelques-uns, parce qu’ils achèveront de prouver qu’il ne faut pas confondre le Choléra pestilentiel avec le Mordexim, comme l’ont fait quelques médecins d’Europe. Ce missionnaire, qui était célèbre à Goa pour les étonnans succès de ses recettes médicales, attribue au mordexim une origine locale. Cette colique intestinale est causée, dit-il, par les vents des montagnes de la presqu’île de l’Inde, dont les courans se chargent d’une grande quantité de particules nitreuses, quand, après la saison des pluies, la chaleur et la sécheresse succèdent à un temps humide ; ce qui a lieu sur la côte Malabar depuis le commencement d’octobre jusqu’au 20 décembre, et sur celle Coromandel en avril et en mai. Alors, continue-t-il, les Indiens sont sujets à des rhumes qui ont pour effet de produire des glaires bilieuses et malignes, adhérant aux entrailles, et causant de violentes douleurs, le vomissement, la fièvre et la stupéfaction. Le meilleur remède contre cette colique est une essence nommée drogue amère : son action ouvre les pores, provoque la transpiration, échauffe le corps, combat les effets de l’air nitreux, et semble donner une nouvelle vie. Cette essence est assez chère ; et lorsqu’en 1782 la maladie attaqua un assez grand nombre de personnes, et en fit périr beaucoup, il fut impossible de se procurer la quantité de ce remède nécessaire pour tous les malades : on y suppléa en employant du Tangara, ou eau-de-vie de coco distillée sur du crotin de cheval. Tous les malades qui prirent de ce breuvage furent sauvés ; les autres moururent en trois ou quatre heures. Ce succès ayant étendu jusqu’à Cochin le renom de ce médicament, l’examen en fut fait par les médecins de la compagnie des Indes hollandaise, Errike et Martinford ; et l’usage en fut adopté par eux. Voici la composition de cette drogue amère, que l’on tient ordinairement pour secrète : Il faut, pour faire vingt-quatre pintes, vingt-quatre onces de résine colophane, douze d’encens, quatre de mastic, quatre d’aloès, quatre de myrrhe, quatre de racine