Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
DU CHOLÉRA-MORBUS.

sa désastreuse puissance un mystère plein d’obscurité. Il devait surtout avoir quelque antidote dont la connaissance pouvait s’acquérir seulement par les livres sanscrits ou par les médecins indiens. Les Européens qui habitent l’Indoustan ont consulté les uns et les autres, et voici ce qu’ils ont appris.

Les Brahmes les plus savans dans l’art de guérir diffèrent essentiellement entre eux sur la classification, et conséquemment sur la nature du Choléra. Les uns affirment qu’il appartient à la classe désignée sous le nom de Sannipata, qui comprend toutes les espèces de paralysie et d’affections spasmodiques, et dont les principaux symptômes sont des convulsions ou des spasmes du corps entier ou de quelques-unes de ses parties. Les autres le rangent dans la classe appelée Ajirna, qui renferme les dispésies, et dont le symptôme principal est l’indigestion. Il en est qui admettent que la seule différence entre ces deux espèces de maladies, est que la première est simplement sporadique, et que, quoique ordinairement fatale, elle ne l’est pas soudainement, tandis que la seconde est épidémique et très-rapide dans ses progrès. Cette diversité d’opinion entre les médecins de l’Indoustan paraîtra moins extraordinaire, en considérant qu’après quinze ans d’expérience les médecins européens éclairés par toutes les lumières de la science, ne sont point d’accord aux Indes orientales sur l’origine et la nature du Choléra.

En consultant les anciens livres sanscrits et tamils, où les meilleurs médecins indiens puisent leurs connaissances, un savant orientaliste a obtenu les renseignemens curieux, publiés à Calcutta, dans une collection officielle, et dont je vais donner un extrait[1].

Le Sannipata est décrit dans un ouvrage médical, en langue sanscrite, intitulé Chintamani, et attribué à Dhanouantari, personnage mythologique, analogue à l’Esculape des

  1. Madras Courier, 12 juin 1829. Report on the Cholera, by the medical Board, 1824.