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LES ALBANAIS EN ITALIE.

première colonie albanaise dans le royaume de Naples. Il reçut plus tard Trani et quelques bourgs du mont Gargano.

Ce prince nomade mourut en 1467. Son fils Jean Castriot n’était pas de force à lutter contre Bajazet, et après quelques vicissitudes, le sultan finit par envahir toute l’Albanie, et les armes détruisirent ainsi l’œuvre des armes.

Il se livra à des vengeances cruelles, plaçant les Albanais entre l’apostasie et l’exil ; c’est de cette époque que date leur grande émigration en Italie. Jean Castriot lui-même se réfugia à Naples, et le roi prit à son service un grand nombre d’Albanais. Sous le nom de régiment-royal-macédonien, il en forma un corps d’infanterie qui a subsisté jusqu’à la révolution.

Quant aux autres (et grand fut le nombre de ceux qui préférèrent l’exil à l’apostasie), sans aptitude à l’agriculture comme toutes les peuplades guerrières, ils s’établirent sur le mont Gargano, qu’ils pouvaient presque regarder comme une propriété nationale. La présence de ces étrangers indépendans inquiéta les autorités ; leurs habitudes turbulentes alarmèrent le voisinage, et le mont Gargano serait devenu pour eux, peut-être, ce que furent plus tard pour les Maures d’Espagne les Alpuxares.

On les divisa, on leur distribua des terres en friches, et ils furent ainsi dispersés par tout le royaume.

Chaque jour, il en arrivait de nouveaux. « C’est pitié, écrivait le pape Paul ii, à Philippe, duc de Bourgogne, c’est pitié que de voir ces malheureux sans pain, sans patrie, traverser l’Adriatique sur de frêles barques, et chercher sur les côtes d’Italie un refuge contre la barbarie de l’infidèle. »