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ALBUM.

On n’applaudit pas à cette scène, on ne tressaille pas, on est muet, abattu ; c’est le calme dans le tragique, le plus beau couronnement d’une telle œuvre.

Le style élégant et plein de vérité avec lequel ce drame est écrit a bien inspiré les acteurs. Mademoiselle George a joué et parlé le rôle de la maréchale avec une dignité, une douceur, une grâce, une force inimaginables, mêlant tous les tons, et sans dissonance choquante ; elle a montré combien on pouvait être belle et variée en restant naturelle et simple. Mademoiselle Noblet, brune et élancée, d’un accent plein et d’une pantomime décidée, a parfaitement rendu la grande scène du quatrième acte.

Ainsi, la liberté politique a amené aussi la liberté de l’art : nulle bataille ridicule ne s’est, comme autrefois, livrée à cette représentation. Lorsque, en philosophie et en religion, toutes les voix sont libres, ne serait-il pas plaisant d’être dogmatique en poésie ? Il faut remarquer encore que l’agitation de la place publique ne distrait pas entièrement du théâtre. Euripide et Périclès parlaient le même jour à Athènes. Il faut nous faire à cette vie de mouvement. Les arts doivent fleurir chez un peuple libre. Il y a deux mois, nous avons eu l’Antony de M. Dumas ; après la maréchale d’Ancre, nous aurons le drame de M. Victor Hugo : Athéniens, que voulez-vous donc ?


PANORAMA DE M. LANGLOIS.

Pour une ville comme Paris, le mouvement, c’est la vie : il lui faut des fêtes, des nouveautés, et toujours des nouveautés. Pour être piquante et suivie, l’exposition du Musée a dû se renouveler sans cesse. Une exposition d’un autre genre va sortir de l’habile pinceau de M. Langlois, le panorama de Navarin va faire place à celui d’Alger, qu’il termine