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LES CAPOZZOLIII.

Les Capozzoli avaient à Perito, petit village au pied de la Stella, un ami d’enfance qui, ému de compassion, leur donna asile. C’était en effet un spectacle touchant que celui de ces trois frères, si étroitement unis par une communauté de courage, de malheur et de proscription, seuls contre tant d’ennemis ; mais ce qui était bien plus touchant encore, c’était de voir un ami se charger de l’anathème, les recueillir sous son toit, et les protéger contre une telle colère.

Pendant trois mois, il les tint cachés dans sa maison, leur portant lui-même à manger, et pendant trois mois, sa fidélité et sa sollicitude ne se démentirent pas un jour ; il paraît que sa famille même ignorait son dévoûment, et qu’il avait pris sur lui seul cette terrible responsabilité : au moins, c’est ainsi que la chose m’a été racontée.

Le décret qui mettait à prix la tête de ses hôtes ne tarda pas à être connu ; ce fut pour lui comme une tentation de l’enfer. Soit qu’il s’effrayât de sa propre audace, ou que la soif de l’or fût en lui plus forte que la crainte des dangers qu’il avait affrontés avec tant de générosité, il y succomba ; il trahit une amitié d’enfance, une hospitalité si constante et si héroïque, et promit de livrer ses hôtes.

La nuit du 17 juin fut fixée pour l’accomplissement de cette œuvre de perfidie. Ce jour-là, il avait marié son fils, et la nuit devait se passer en réjouissances. Il invita les trois frères à y prendre part, les assurant qu’il n’y avait que des amis dévoués, et qu’ils n’avaient rien à craindre.

Les Capozzoli tombèrent dans le piége, et comment l’auraient-ils évité ? Comment l’ombre même d’un soupçon pouvait-elle entrer dans leur cœur ? Ils descendi-