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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

cile, car les côtes ne présentent, à peu d’exceptions près, que des rochers à pic. C’est un pays taillé pour une guerre de guérillas.

Mais les Capozzoli n’en étaient pas là : la gazette officielle avait soin de les qualifier de brigands, c’est-à-dire d’hommes qui en voulaient aux fortunes privées. C’est ainsi qu’on appelait les Vendéens et les Calabrois.

Soit que la tactique du gouvernement eût réussi, soit que l’on n’eût aucune foi dans un soulèvement, les Capozzoli furent abandonnés. Ils errèrent quelque temps de forêts en forêts, de villages en villages, et trouvèrent presque partout une courageuse hospitalité.

Carreto, investi d’une sorte de dictature, entra dans le Cilento, et y répandit la terreur par une sévérité inouie.

Le village de Bosco est brûlé et rasé pour avoir donné asile aux fugitifs ; les arrestations se multiplient ; les cachots s’ouvrent ; le sang coule, et les trois frères, traqués de bois en bois, trouvent le moyen de s’embarquer pour la Corse, et y cherchent un refuge. Mais effrayés sans doute par l’arrestation de Galotti, et considérant dès lors le sol français comme un asile peu sûr, ils se rembarquèrent imprudemment, et revinrent dans ce Cilento où la mort les attendait. Ils y restèrent cachés encore plusieurs mois.

J’ai parcouru cette province au mois de mai 1829, précisément dans le temps qu’on était à leur recherche. J’allais en Sicile à travers les Calabres et curieux de ces marines inconnues, des ruines de Vélia, du port de Palinure, et du golfe de Policastro que mon imagination me peignait comme un lieu de délices, je m’étais aventuré seul dans ces contrées malheureuses.